SAVORGNAN franc-maçon (1)

Publié le par GOCB

 

Le Maçon

Selon Marc Nadaux

Né à Castel Gandolfo près de Rome le 25 janvier 1852, Pierre Savorgnan de Brazza est le septième fils d’une famille de la noblesse italienne. L’enfant a une âme aventureuse.   

 

 

Ouverture au monde

Il est partagé entre les récits de son père, homme de culture ayant parcouru les contrées du bassin méditerranéen, et la bibliothèque familiale où abondent les atlas géographiques et les récits des grands voyageurs. 

 

 

Grâce à l’appui de l’amiral de Montaignac, le jeune homme prépare à Paris le concours d’entrée à l’École navale. Il y est admis, à titre d’étranger, en décembre 1868. La guerre franco-allemande de 1870-1871 surprend l’élève aspirant.

Engagement

Il demande néanmoins à être affecté à une unité combattante de la flotte.    

 

 

A la fin du conflit et après l’instauration de la Troisième République, Brazza reçoit l’ordre de rallier le navire la Vénus. Celui-ci croise au large des côtes du Gabon pour réprimer la traite des Noirs désormais illégale. En 1874, il est ainsi à l’embouchure du fleuve Ogooué. Germe alors en lui l’idée de remonter le cours du fleuve afin de prouver que celui-ci et le Congo ne font qu’un. Cependant le jeune Italien obtient à cette époque la naturalisation française. Celle-ci le prive de ses grades. Pour demeurer dans la marine française, il lui faut maintenant obtenir le brevet de capitaine au long cours afin d’être réintégré en tant qu’enseigne de vaisseau auxiliaire. Un court séjour à Paris lui permet de surmonter ces obstacles à sa carrière. Brazza est bientôt de retour sur le continent africain muni de l’ordre du ministère de la Marine lui enjoignant de réaliser l’exploration de l’Ogooué.

L’expédition part de Libreville le 3 novembre 1875. Sur un petit bateau à vapeur, Brazza et ses compagnons remontent le fleuve jusque Lambaréné. Deux mois plus tard, ils disposent enfin des pirogues et pagayeurs nécessaires à la poursuite du voyage.

Curiosité sans limite. Sens du dialogue   

L’expédition aborde bientôt à Lopé, le 10 février 1876. Elle atteint en juillet 1877 le confluent de l’Ogooué avec la rivière Passa, après de multiples palabres avec les rois et chefs de tribus locaux. Au delà cependant, Brazza ne rencontre que chutes d’eau et rapides sur le cours du fleuve. C’est une double déception pour l’explorateur. Désormais l’Ogooué ne peut plus être confondu avec le Congo. Cela signifie également que le fleuve, qui n’est plus navigable désormais, n’est donc pas la grande voie de pénétration vers l’intérieur du continent qu’espéraient les autorités françaises. Le voyage se poursuit cependant et Brazza remonte maintenant le cours du N’Gambo, un affluent d’un autre fleuve important appelé Alima par les indigènes. Dans cette région, ceux-ci sont hostiles aux membres de l’expédition. Il faut se protéger ou fuir car les réserves de munitions s’épuisent peu à peu. Enfin le 11 août, exténués et rongés par la maladie, Brazza et ses compagnons, décident de prendre le chemin du retour.

Quelques temps plus tard, l’explorateur s’occupe à Paris de monter une nouvelle entreprise. Le temps presse d’autant plus que la concurrence étrangère aux ambitions colonialistes des Français dans l’Afrique équatoriale se précise. En effet, Léopold II, le roi des Belges, s’entend avec Stanley, le journaliste du New York Herald, devenu un héros pour avoir parcouru le bassin du fleuve Congo à la recherche de Livingstone dont on était sans nouvelle. Brazza obtient alors l’aval de son gouvernement, du ministre de l’Instruction publique Jules Ferry notamment. Celui-ci, fervent partisan de l’expansion coloniale, accorde au projet de l’explorateur un soutien financier de 100.000 francs. Celui-ci embarque bientôt pour l’Afrique le 27 décembre 1879 afin de préparer une expédition de plus grande ampleur.

Celle-ci est rapidement mise sur pied. Au cours de la remontée du cours de l’Ogooué, Brazza reçoit une invitation de Makoko, roi des Batékés. Celui-ci réserve à l’explorateur un accueil princier. A cette occasion, Brazza obtient de la part du potentat local la concession de son territoire à la France. L’expédition fonde alors à proximité un poste sur le fleuve baptisé N’Tamo. Il donnera naissance à Brazzaville. Après avoir traversé les plateaux Batéké et rejoint le Congo, Brazza tente de rallier l’océan depuis le poste de Franceville. Sur son chemin, l’explorateur découvre les sources de l’Ogooué tant recherchées.

De retour en France via le port anglais de Portsmouth, Brazza est fort occupé à faire reconnaître ses découvertes. Il parvient cependant à ameuter l’opinion publique en multipliant les communications aux sociétés savantes ainsi que les interviews aux grands journaux français et étrangers. Finalement, le 30 novembre 1882, est promulguée la loi par laquelle les Chambres ratifient les traités signés entre le roi Makoko et l’explorateur. Les régions découvertes par Brazza sont donc officiellement placées sous protectorat français, celui-ci usant davantage de la persuasion, de la diplomatie avec les indigènes que de la force armée. Un mois plus tard, de nouveaux crédits sont votés afin d’organiser une troisième expédition, toujours placée sous l’autorité de l’explorateur. Elle a cette fois-ci pour but de créer de nouveaux postes afin de sécuriser les voies de communication. Nommé lieutenant de vaisseau, Brazza se voit conférer le titre de commissaire général de la République dans l’Ouest africain. En 1885 enfin, l’Acte général de la conférence de Berlin reconnaît tous les droits de la France sur le Congo.

Organisateur   

Au mois de novembre 1885, l’explorateur est nommé commissaire général du gouvernement dans le Congo français. Il occupe cette fonction jusqu’en 1897. Tout en poursuivant ses explorations,  Brazza s’attache alors au cours de ces années à organiser la colonie qu’il a contribué à créer. Critiqué dans ce rôle d'administrateur, il est bientôt mis en disponibilité en 1898 avant de démissionner au mois de mai 1901. Quelques années plus tard, l'explorateur est cependant mis à nouveau à contribution.  A la suite de scandales financiers, il est sollicité pour se rendre au Congo y effectuer un  voyage d'inspection. Pierre Savorgnan de Brazza meurt à son retour à Dakar, le 14 septembre 1905.  

Selon une autre source  

Brazza (comte Pierre Savorgnan de), explorateur (L'exploration de l'Afrique) né à Rome en 1852, mort à Dakar en 1905. D'une vieille famille italienne, la protection de l'amiral de Montaignac le fit admettre à l'École navale de Brest à titre étranger, il entra dans la marine française. Au cours d'une navigation comme officier d'ordonnance de l'amiral Quiliot (1873-1874), il visita le Gabon.

Ouvert à toutes les sciences et diplomate  

Promu enseigne de vaisseau auxiliaire, il obtint, en 1875, une mission pour explorer l'Ogooué et partit avec le naturaliste Marche, le docteur Ballay et le quartier-maître Hamon. Marche ne put aller jusqu'au bout. Ses compagnons remontèrent l'Ogooué (1876-1877) jusqu'au point où il cesse d'être important : ils explorèrent les alentours, triomphant de mille difficultés et se conciliant la bonne volonté des habitants du lieu. Brazza franchit le bassin de l'Ogooué et découvrit l'Alima et la Licona, affluents du Congo ; mais il ne se savait pas si près du grand fleuve et revint au Gabon après un trajet de 1 300 km. Il fut naturalisé français à son retour en France. Mis au courant des découvertes de Stanley, sachant les obstacles qui empêchent la navigation sur le Congo inférieur, il résolut de frayer une route vers ce fleuve par les possessions françaises du Gabon.

« Architecte »  

Il partit le 27 décembre 1879 avec une mission du ministère des affaires étrangères, remonta l'Ogooué et y créa au confluent de la Passa la station de Franceville (juin 1880).

Il atteignit ensuite le Congo à la lagune de Stanley-Pool, et décida le roi Makoko à se placer sous le protectorat de la France (3 octobre 1880) ; il fonda au bord du fleuve la station qui a reçu le nom de Brazzaville et y laissa le sergent Malamine. Il descendit ensuite le Congo, rencontra Stanley, et se retrouva au Gabon en décembre 1880. En 1881 il créa le poste de l'Alima, puis descendit la rivière Niari, qui était le chemin le plus court entre le Congo moyen et la côte (1882). En juin 1882 il se retrouvait en France, où il reçut un accueil enthousiaste. Sa préoccupation constante d'éviter tout conflit avec les indigènes, le caractère scientifique de ses explorations, accomplies avec des moyens très faibles, lui assuraient une sorte de supériorité sur Stanley, qui le traita en rival et l'injuria avec violence. Cette jalousie peu justifiée, car les découvertes de Brazza ne sont évidemment pas comparables à celles de Stanley, ne fit qu'accroître la popularité de Brazza. 

Les Chambres lui votèrent un subside de 1 275 000 francs ; il avait été nommé lieutenant de vaisseau, et repartit en mars 1883 avec le titre de commissaire de la République. En mars 1884, il rejoignit Makoko, à qui il annonça la confirmation du traité de 1880, explora l'Alima, revint en France, fut envoyé à la conférence de Berlin comme conseiller technique. Cette troisième expédition, beaucoup plus considérable que les précédentes, donna de grands résultats, dont l'honneur revient en partie aux collaborateurs de Brazza ; de nombreuses stations furent fondées, le pays bien reconnu et ses ressources étudiées. Brazza retourna dans la colonie, qu'il avait presque créée, pour la gouverner ; afin d'éviter le retour de conflits avec le ministère de la marine, auquel il restait subordonné, on lui donna la haute main sur le lieutenant-gouverneur du Gabon. Brazza, à qui la France doit incontestablement l'extension jusqu'au Congo de sa colonie du Gabon, a vu ses qualités d'administrateur vivement contestées par les grandes sociétés coloniales, qui parviendront à le faire relever de ses fonctions en 1898. De retour au Congo, en 1905, il a mission d'enquêter sur les exactions commises justement par ceux qui avaient obtenu son limogeage. Il mourra quelques mois plus tard, sur la route du retour.   

Selon Jules Ferry dont la pensée coloniale, bien dans l'air du temps n'en reste pas moins des plus désolante !   

Lettre du 26 juin 1883   

« Mon cher Monsieur de Brazza,   

J'ai reçu votre dernière lettre datée du Gabon (30 mai) et, bien que vous m'y fassiez savoir que vous allez vous trouver à 2 ou 3 mois de distance de nous, je profite du prochain départ pour vous mettre au courant des démarches fort importantes qui ont été faites tout récemment auprès de nous par le vice-président de la Chambre des Députés, M. Couvreur, envoyé par le roi des Belges.   

La crainte d'un conflit entre vous et Stanley est le point de départ de cette communication. Pour l'éviter, nous a dit le représentant du Comité d'Etudes du Congo, ne conviendrait-il pas de faire à chacun sa part et de les renfermer l'un et l'autre dans un domaine déterminé ? On propose en conséquence de convenir que M. de Brazza opérera sur la rive droite du Stanley Pool et sur toute la route de l'Ogooué (...) »   

Discours à la Chambre quelques mois après avoir été renversé.

« Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l'expédition de M. de Brazza. C'est très bien, messieurs, je sais parfaitement que M. de Brazza a pu jusqu'à présent accomplir son œuvre civilisatrice sans recourir à la force ; c'est un apôtre ; il paie de sa personne, il marche vers un but placé très haut et très loin ; il a conquis sur ces populations de l'Afrique équatoriale une influence personnelle à nulle autre pareille ; mais qui peut dire qu'un jour, dans les établissements qu'il a formés, qui viennent d'être consacrés par l'aréopage européen et qui sont désormais le domaine de la France, qui peut dire qu'à un moment donné les populations noires, parfois corrompues, perverties par des aventuriers, par d'autres voyageurs, par d'autres explorateurs moins scrupuleux, moins paternels, moins épris des moyens de persuasion que notre illustre Brazza, qui peut dire qu'à un moment donné les populations n'attaqueront pas nos établissements ? Que ferez-vous alors ?  

Vous ferez ce que font tous les peuples civilisés et vous n'en serez pas moins civilisés pour cela ; vous résisterez par la force et vous serez contraints d'imposer, pour votre sécurité, votre protectorat à ces peuplades rebelles. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... (Rumeurs sur plusieurs bancs à l'extrême gauche. - Diverses interventions.)   

Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Marques d'approbation sur les mêmes bancs à gauche, nouvelles interruptions à l'extrême gauche et à droite.) La vraie question, messieurs, la question qu'il faut poser, et poser dans des termes clairs, c'est celle-ci : est-ce que le recueillement qui s'impose aux nations éprouvées par de grands malheurs doit se résoudre en abdication ? Et parce qu'une politique détestable, visionnaire et aveugle a jeté la France où vous savez, est-ce que les gouvernements qui ont hérité de cette situation malheureuse, se condamneront à ne plus avoir aucune politique européenne ? Est-ce que, absorbés par la contemplation de cette blessure qui saignera toujours, ils laisseront tout faire autour d'eux ; est-ce qu'ils laisseront aller les choses ; est-ce qu'ils laisseront d'autres que nous s'établir en Tunisie, d'autres que nous faire la police à l'embouchure du fleuve Rouge et accomplir les clauses du traité de 1874, que nous nous sommes engagés à faire respecter dans l'intérêt des nations européennes ? Est-ce qu'ils laisseront d'autres se disputer les régions de l'Afrique équatoriale ? Laisseront-ils aussi régler par d'autres les affaires égyptiennes qui, par tant de côtés, sont des affaires vraiment françaises ? (Vifs applaudissements à gauche et au centre. Interruptions.) […]   

Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l'écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l'Afrique ou vers l'Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c'est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième. (Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs.  « Très bien! Très bien ! » au centre). »   

Savorgnan de Brazza et le Service de santé des armées  

Le Corps de santé des troupes coloniales dit Corps de santé colonial n’a eu d’existence « légale » qu’entre 1903, date de sa création, trois ans après celle des troupes coloniales, et 1968, date où il est intégré au service de santé des armées, après avoir changé de dénomination en 1958 (troupes d’outre-mer) et en 1961 (troupes de marine). Ces repères sont purement administratifs car, avant 1903, des précurseurs, médecins de la marine nationale puis « des colonies et pays de protectorat », étaient déjà présents outre-mer… Cette action n’est donc qu’une période dans l’histoire des échanges entre la France et l’outre-mer…

Dès le début de la période de colonisation, le Corps de santé affronte des pathologies entièrement nouvelles pour lesquelles les thérapeutiques adaptées n’existent pas.

Après des tentatives de recrutement de médecins civils, le Corps de santé colonial est créé et chargé de la conquête pacifique. Son organisation va d’abord se calquer sur l’organisation administrative des territoires d’outre-mer mais la variété des tâches à assumer engendrera une certaine autonomie de fonctionnement.

Les précurseurs  

Durant la première vague coloniale française (1534-1763), dite la « course aux épices », surtout orientée vers l’Amérique, le service médical à terre, en particulier dans les plantations des Caraïbes et au Québec, est assuré par les « chirurgiens, médecins et apothicaires du Roi ». Seuls, les premiers sont très recherchés. « Pour un colon, la première chose à quoi il faut penser », écrit en 1742 le Père Labat, « est d’avoir un bon chirurgien ». Tout ce personnel est civil. Des hôpitaux sont tenus par des ordres religieux.

En 1689, l’ordonnance du marquis de Seignelay (Colbert fils), secrétaire d’État à la marine, crée le « service de santé de la marine ».

Durant la seconde vague coloniale, à partir de 1830, les colonnes militaires françaises comptent des « médecins-majors » et des « aides-majors » qui soignent les troupes et, progressivement, les populations autochtones. Dans son « Nouveau voyage dans le pays des Nègres », Anne Raffenel, explorateur et officier français du commissariat de la marine royale écrit en 1846 : « la médecine est, dit-on, un excellent passeport pour l’Européen qui voyage en Afrique ».

En 1875, la mission Savorgnan de Brazza sur l’Ogoué comprend le docteur Ballay. Un pharmacien de marine, V. Liotard, participe à la campagne du Soudan, sous les ordres de Galliéni en 1887. Plus tard, ayant la confiance de Brazza, il dirige et réussit deux missions de conquête pacifique dans le Haut-Oubangui (1891-1894) et aux confins soudano-égyptiens en 1897, un an avant Marchand. Aux côtés de Marchand, on trouve à Sikasso, au Mali, en 1891, le docteur Grall et dans son expédition Congo-Nil, en 1897, le docteur Emily. Chez les Anglais, David Livingstone (1813-1873), était explorateur et médecin.

Les médecins et pharmaciens de la marine participent à toutes les opérations de conquête ou de pacification, sur la côte mais aussi à l’intérieur des continents.

Médecin Général Inspecteur GRALL

… A partir du milieu de XIX° siècle, dans des hôpitaux de fortune, ces médecins de marine étudient et, sans en connaître les agents responsables, décrivent magistralement les fléaux tropicaux qui rendent inhospitaliers ces pays lointains : c’est l’époque de Corre, Fontan, Leroy de Méricourt, Béranger-Féraud, Dutrouleau…

En 1890, le moment est venu de créer un service de santé des colonies, relevant non plus de la marine mais du ministère chargé des colonies. A la même époque, le doctorat en médecine devient obligatoire.

La période de colonisation  

La tâche des médecins pendant toute la période de pacification est colossale et ingrate. Ces régions sont très insalubres : situées en zone tropicale, chaude et souvent très humide, leurs populations subissent l’atteinte de maladies endémiques et épidémiques redoutables. On y trouve, en pleine activité en cette fin du XIX° siècle, les fléaux « historiques » dont l’Europe s’est presque totalement débarrassée, comme la variole, la rage, le choléra, la lèpre, la peste. De surcroît, très répandues et particulièrement agressives pour celui qui ne les a jamais rencontrées et n’a donc développé aucune défense naturelle, la fièvre jaune, les tréponématoses, les dysenteries de toutes sortes et par dessus tout, la malaria ou paludisme. Ces maladies sont mal connues et les médicaments efficaces pas encore découverts.

Le risque sanitaire est partout. Le pire vient de l’eau, généralement rare et toujours suspecte. L’amibe s’y complaît, les larves de moustiques y abondent. « Il est peu d’hommes », écrit, au Sénégal, Boyé, en 1880, « qui passent une année à Médine sans présenter cette teinte d’un jaune sale, terreux, de la face, cette couleur safranée de la sclérotique, cette pâleur des muqueuses, cette perte des forces et de l’appétit, ces troubles nerveux, cette altération du sang… qui sont les indices d’une constitution fortement épuisée ».

Grall établit que les pertes pendant la campagne du Tonkin (1883-1889) sont 14 fois plus importantes du fait des maladies (paludisme, choléra, amibiase) que du fait des combats. Ce sera pire à Madagascar en 1895 où plus de 25 % du corps expéditionnaire est décimé par le paludisme. La quinine est connue depuis 1820 mais son utilisation préventive n’est pas codifiée. Cependant, quelques médecins prennent des initiatives de quininisation quotidienne. Laffont, en 1888, traverse le Soudan en quatre mois, en faisant absorber par chaque homme de la colonne 0,10 g de quinine par jour. Il enregistre un seul décès sur 250 soldats. Hélas, et ce sera souvent le cas, l’isolement, le poids des idées établies, empêchent la diffusion de son rapport.

Dès le début des conquêtes coloniales, les médecins et pharmaciens de marine accompagnent les troupes et soignent les militaires français ainsi que les supplétifs recrutés sur place et leurs familles. Très vite, les populations locales profitent de leur présence. A Madagascar une directive de Galliéni (NDR : Franc-maçon), dès 1899, jette les bases d’une assistance médicale gratuite en faveur de l’ensemble des populations. Il sera rapidement imité en Indochine (Grall dès 1903) et en Afrique noire. Au début, seules, les populations voisines des implantations militaires bénéficient de cette assistance; la pénétration du pays n’est pas encore réalisée, les routes ne sont pas encore tracées.

Dans ses principaux ports, Saigon, Dakar, Grand-Bassam… la marine construit des hôpitaux où sont également admis les civils européens mais aussi les autochtones.

La création d’un corps de santé  

Les tentatives pour constituer un corps de médecins civils des colonies, comme cela avait été fait en Algérie, sont entreprises dès la fin du XIX° siècle. Elles se heurtent à l’indifférence et même à la défiance de la métropole. Clemenceau combat vigoureusement les idées d’expansion de Jules Ferry. L’opinion, obsédée par l’idée d’une revanche en Europe à la défaite de 1870, n’est pas faite à celle de conquêtes coloniales.

La proposition d’un statut civil est faite aux personnels du corps de santé de la marine dont la compétence vis-à-vis des problèmes médicaux d’outre-mer est reconnue. Elle est refusée, médecins et pharmaciens ne voulant pas abandonner leur statut d’officiers.

Finalement, sera créé en 1890 un « Corps de santé des colonies et pays de protectorat » avec une structure militaire, ayant à sa tête un médecin-inspecteur de 1ère classe et, sous ses ordres, des médecins et des pharmaciens dont les grades sont ceux de l’armée. Ils seront formés par l’Ecole de santé navale qui, la même année, ouvre ses portes à Bordeaux.

On offre aux médecins de marine en activité le choix entre leur corps d’origine et ce nouveau corps. D’autres sont recrutés directement. C’est le cas de Yersin en1891.

Ce Corps de santé est placé sous l’autorité du ministre chargé des colonies lequel est tantôt celui de la Marine, tantôt celui du Commerce et de l’Industrie jusqu’à la création d’un ministère des Colonies en 1894.

L’ambiguïté du statut ne saurait échapper : voilà des militaires qui ont des fonctions exclusivement tournées vers les civils, qui sont loin des corps de troupe et pour lesquels le terme de « hors-cadres » vient d’être créé ; ils ne dépendent d’aucun État-major !

Le Conseil d’État, en 1897, envisage même de dénier le droit au statut d’officier à ces « militaires-civils ». Cette proposition sera abandonnée sous la pression des intéressés et la crise résolue en 1903, trois ans après, avec la création des troupes coloniales qui les intègrent. Ces dernières sont issues des troupes de marine.

A partir de ce moment, le Corps de santé colonial sera réparti très inégalement entre des affectations dites « dans les cadres » auprès des unités des troupes coloniales pour une faible part (10 à 20 %) et une forte majorité d’affectations dites « hors-cadres » destinées à dispenser des soins aux populations civiles, autochtones ou non, des colonies. Cependant, en période de conflit (en 1870, Bazeilles donne ses lettres de noblesse à la « division bleue » des troupes de marine, 1914-1918, 1939-1945, Indochine, Algérie) cette répartition est bouleversée.

Garante de la quadruple identité de motivation, de formation, de direction et de conception du service, pour tous ses membres, la structure militaire a produit un remarquable « esprit de corps ». La discipline et la complémentarité, la solidarité et l’amitié qui en résultaient ont permis, en maintes circonstances, de mieux surmonter les problèmes que posait l’éloignement tout en assurant un meilleur rendement des actions. A l’inverse, certains observateurs déploraient le corporatisme du Corps de santé colonial peu ouvert aux apports extérieurs.

La conquête pacifique

Dispersées dans le territoire et réparties selon les besoins des troupes, des « ambulances-infirmeries coloniales » se multiplient. Leur dénomination indique bien qu’il s’agit de formations de soins et d’hospitalisation mobiles car dotés de moyens de transport pour amener ou évacuer les patients. Elles reçoivent aussi les populations civiles qui y sont soignées gratuitement. 

Les soins donnés sont d’abord ambulatoires puis les notables locaux, les chefs coutumiers, sensibles aux résultats obtenus et à l’efficacité des vaccinations, font construire quelques cases autour du poste médical et un système d’hospitalisation naît.  

Dans le même temps, le médecin forme des aides autochtones et leur enseigne des gestes essentiels. Cet embryon de formation sera rapidement institutionnalisé par la création d’écoles de médecine, d’écoles d’infirmiers et de sages-femmes.  

En quelques dizaines d’années, le système de santé a évolué. Il pénètre l’intérieur du territoire. Des médecins en postes isolés dits médecins « de brousse », aidés par les auxiliaires autochtones, se consacrent exclusivement à l’assistance médicale indigène (dite A.M.I.) au service des populations autochtones. Le succès est prodigieux. Pour la seule Afrique occidentale, de quelques milliers de consultations annuelles en 1905, les chiffres passent à 300 000 en 1920 et à 10 000 000 en 1935. Dans ce même territoire, la dizaine d’ambulances-infirmeries de 1905 se transforme en 852 centres de soins en 1949.

A partir de 1925, sous l’impulsion de Lasnet, le schéma général de l’organisation du système de santé repose, quel que soit le territoire, sur un quadrillage de formations de santé calqué sur le découpage administratif du territoire, fait de cercles et de subdivisions, selon la terminologie africaine, de provinces en Indochine…

Le point central est l’hôpital de la capitale de la colonie avec ses divers services, sa maternité, sa polyclinique… On trouve le même type de formation, plus modeste, dans les chefs-lieux de cercle, avec un médecin européen comme médecin-chef et un ou deux médecins-auxiliaires autochtones. Dans les subdivisions, des formations fixes sont confiées à des infirmiers : infirmeries, dispensaires, postes médicaux... Ce réseau est plus ou moins serré suivant la densité de la population et les moyens de communication. A partir des deux derniers niveaux, des tournées régulières du médecin ou de l’infirmier sont organisées les jours de marché ou pour tout autre motif de rassemblement.

Mais, cette médecine individuelle, bien que très appréciée des populations malgré des moyens thérapeutiques limités par les contraintes financières, n’est pas assez efficace dans la lutte à mener contre les grandes endémies tropicales et ce sera la tâche du Service de lutte contre les grandes endémies.

Médecin Général Inspecteur LASNET  

A partir de1930, le nombre des auxiliaires formés sur place dépasse le nombre des médecins et des pharmaciens des troupes coloniales, aussi bien en Afrique qu’en Indochine ou à Madagascar. Des responsabilités de plus en plus importantes leur sont confiées.

Pour les médecins et pharmaciens comme pour tous les fonctionnaires d’outre-mer, les séjours coloniaux ont une durée variable, entre 2 et 3 ans, en fonction du climat. A partir de 1945, elle est de trente mois à l’issue desquels un congé de quatre mois est accordé. Un séjour dans la métropole lui succède, de durée variable mais n’excédant pas une année. Ce temps, généralement destiné à une affectation dans un corps des troupes coloniales stationné en France peut être mis à profit pour acquérir une spécialisation médicale ou présenter les concours hospitaliers ou d’enseignement du Corps de santé colonial. 

L’organisation

L’empire colonial français au début du siècle a une superficie d’environ 10 millions de km2 et une population de 30 millions d’habitants. L’organisation administrative et aussi médicale va évoluer pendant la période de colonisation, d’autant plus qu’au début des années 1960, cette population sera passée à 80 millions d’habitants.

De 1903 à 1939, le service de santé de chaque colonie ou groupe de colonies dépend de l’autorité administrative du territoire correspondant (gouverneur ou gouverneur-général). Le directeur du service de santé décide des affectations des nouveaux arrivants, de l’organisation des services médicaux, de la création de centres hospitaliers, des centres de soins municipaux ou spéciaux, des services d’hygiène….

Au sommet de chaque fédération, un directeur fédéral de la santé, généralement un médecin général- inspecteur, assure une coordination et une harmonisation des actions sanitaires qui ne sont pas toujours adoptées par les gouverneurs-généraux. En effet, la santé des populations ne constitue pas forcément une préoccupation première, mais plutôt un obstacle aux impératifs du développement économique.

Une certaine autonomie  

Les professeurs de l'école de Tananarive (1901)  

Le ministère des Colonies prend conscience de ces difficultés et, en 1939, crée la direction du service de santé colonial, autonome dans ce ministère et disposant de son propre budget. Il s’agit d’un véritable « ministère de la Santé aux colonies ». Les programmes sanitaires des différentes colonies pourront être coordonnés et harmonisés.

Cependant, la tenue des dossiers et l’avancement des personnels militaires restent assurés par la direction des troupes coloniales du ministère de la Guerre.

Outre-mer, un service général autonome de la maladie du sommeil en AOF et au Togo est créé, cette même année, qui va permettre une action spécifique vigoureuse et surtout coordonnée contre ce fléau qui ravageait ces territoires.  

C’est la méthode Jamot : « la prévention n’est efficace que si l’équipe médicale va au devant des populations », en mettant en place des équipes d’hygiène mobile et de prophylaxie qui vont parcourir les territoires, vacciner, dépister, traiter et prévenir les grands fléaux que sont la trypanosomiase, la lèpre, l’onchocercose. La variole disparaît de Madagascar, elle est jugulée dans les autres territoires, la progression de la trypanosomiase est stoppée, le programme élargie de vaccinations est mis en place…

Dès lors, les mesures sanitaires peuvent être prises à l’échelle des ensembles géographiques et non plus des unités administratives. Désormais, une campagne de vaccinations ignore les frontières entre colonies ou subdivisions et peut être réalisée de Dakar à Fort Lamy, ce qui lui donne une efficacité réelle.

La recherche n’est pas oubliée. Dès 1903, un accord est passé avec l’institut Pasteur à Paris qui assure la formation des microbiologistes du Corps de santé colonial. Il s’en suit l’ouverture de laboratoires et d’instituts pasteur outre-mer.

Le service de santé colonial a aussi créé ses propres instituts de recherche appliquée :

- à Bobo-Dioulasso, le centre Muraz, spécialisé jusqu’en 1945 dans la trypanosomiase,

- à Bamako, l’institut Marchoux, grand centre de traitement des lépreux et d’étude de la lèpre où sont réalisés les essais thérapeutiques, où est mise au point la chirurgie de la lèpre,

- à Bamako aussi l’institut du trachome qui couvre l’ensemble des problèmes de l’ophtalmologie tropicale,

- à Dakar, un organisme de recherches sur l’alimentation et la nutrition africaines (ORANA) qui étudie la composition des aliments, les mécanismes des malnutritions et proposera des campagnes de supplémentation en sel iodé dans les zones d’endémie goitreuse, en protéines…

Dans l’après-guerre, les bouleversements politiques et sociologiques vont réduire l’empire colonial; les colonies, dans les premières années de la décennie de 1960, deviennent des États indépendants et se dotent d’un service de santé national.

La transition se fait en douceur. Les personnels des troupes coloniales « hors cadres » relèvent du ministère de la Coopération pendant encore un dizaine d’années. Ils seront progressivement remplacés par les anciens médecins-auxiliaires et médecins africains qui ont complété leur formation de docteurs en médecine en France et par les jeunes médecins nationaux formés dans les nouvelles facultés de médecine nationales. Dès 1962, la direction du service de santé des troupes (devenues) de marine est rattachée à la direction centrale du service de santé des armées qui regroupe déjà, depuis 1946, les services de santé de l’armée de terre , de l’armée de l’air et de la marine.

Une fusion totale est réalisée en Juillet 1968.

Ainsi disparaît le Corps de santé colonial. L’action sanitaire de la France décline plus lentement. En 1982, soit plus de 20 ans après les indépendances, il y a outre-mer autant de médecins et pharmaciens militaires hors-cadres qu’en 1939 (aux environs de 700). En 2000, il en reste encore un peu moins d’une centaine.  

Publié dans FM CELEBRES AU CONGO

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J'ai intégré la loge du Grand Maître Aza et aujourd'hui, je suis l'un des hommes les plus riches de mon pays.<br /> Grâce à lui je peux parcourir le monde et aller où je veux. Ma vie n'est plus comme celle d'avant où je galérais et je n'avais rien pour subvenir à mes besoins. Grâce à lui, j'ai acquis le respect et l'affection de mon entourage. Toutes les personnes qui me rejetaient ont commencé par m'aimer et à me respecter parce que je suis désormais riche. J'ai pu construire à l'heure où je vous parle une multitude de maisons. Mes voitures sont de marque de sport les plus rares. Je suis aujourd'hui un grand opérateur économique dans mon pays. Récemment j'ai été classé deuxième des opérateurs économiques qui participent activement au développement de mon pays. Tellement je vis une vraie miracle grâce à lui, que je ne sais pas trop quoi vous dire encore pour vous faire comprendre mon immense bonheur. Veuillez m'excuser si je ne me suis pas identifié, mais je préfère déposer ce témoignage confidentiellement. Par contre je sais que comme moi il y a quelques années, il existe de pauvres gens qui n'arrivent même pas à manger au moins les 3 fois par jour. C'est donc dans le soucis de venir en aide à ces gens que je me permet de faire ce témoignage du Maître. Ceux qui connaissent mon histoire me reconnaîtront quand ils liront ce témoignage.<br /> Si vous aussi vous avez envie de rejoindre la confrérie du Grand Maître Aza, vous pouvez envoyer votre candidature sur les contacts suivants :<br /> Whatsapp : +2 296 175 8759<br /> E-mail : santa.azazel@gmail.com<br /> <br /> Merci à toi Maître, je t'en serai à jamais reconnaissant et je ne cesserai d'en témoigner jusqu'à la fin de mon séjour sur Terre.<br /> Merci beaucoup Maître.
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